Le rôle des agences de notation

Publié le par Jean-François Anquetil

Exceptionnellement, je mets mes réponses aux question et aux réflexions de Guillaume Ciosi (un ancien étudiant, brilliant...) en article principal. En caractère noir ses propos, en rouge, ma réponse, histoire de stimuler votre réflexion personnelle.

 

 

G : Bonjour,

Je refais une petite apparition sur ce site car je suis frappé par l'actualité économique. C'est consternant ! Je venais donc voir si ce site était mis à jour dans l'espoir que des récents articles proposent des réflexions sur ce qui se passe. J'ai le plaisir de voir que c'est le cas.

 

JF : Oui, enfin, c’est irrégulier. Mon blog n’est pas toujours actualisé, loin s’en faut, cela dépend de ma motivation qui dépend elle-même de la motivation de mes étudiants…

 

Concernant cet article, je n'ai pas de réponse à apporter mais plutôt une remarque pour lancer le débat ! Faut-il vraiment légitimer ces agences ? Je ne suis pas sûr ! Que pensez-vous de wikileaks lorsqu'ils lâchent des informations secrètes ? Faut-il briser et dévoiler au grand jour tous les dossiers classés "Secret défense" ?

Je pense que les dégats peuvent être énormes. Pourtant, cela correspond à une demande, à la réalité, à la vérité, à un droit de savoir ! 

 

Wikileaks a apporté des informations qui relèvent principalement (mais pas exclusivement) d’un aspect de l’Etat : l’Etat gendarme. Si l’on met les anarchos-capitalistes de côté, tous les libéraux considèrent qu’un Etat minimum doit exister ne serait-ce que pour assurer la sécurité des individus contre les dangers de l’intérieur (il faut une police) et contre les dangers de l’extérieur (il faut une armée). Pour faire simple, c’est la position d’Adam Smith (1776) qui ajoute les biens publics pour justifier le rôle de l’Etat. Pour mener à bien ces missions dites régaliennes, l’Etat doit empiéter sur la sphère privée individuelle (l’espionnage par exemple, est légitimé au nom de la sécurité nationale) et d’autre part met en place des stratégies militaires (influence diplomatique, occupation de sols, politiques industrielles etc…). Jusqu’où cette exigence, qui doit rester secrète, est-elle compatible avec celle de la démocratie ? C’est la question finalement que pose Wikileaks. Pour ma part, j’estime que l’affaire Wikileaks agit comme un contre-pouvoir salutaire….

 

 

Je ne peux m'empêcher de douter de l'efficacité des agences de notation.

 

Les agences de notation obéissent à une logique très différente de Wikileaks.

 

Ok, cela répond à une demande et s'inscrit dans une logique libérale mais les conséquences sont désastreuses ! On ne peut pas les maîtriser !

 

La force d’une économie de marché est de satisfaire toute demande : partout où il y a une demande solvable, une offre se met en place. Il est possible que par une logique que J.K. Galbraith appelle la filière inversée, l’offre crée une demande, c'est-à-dire que l’offre crée les besoins qu’elle cherche à satisfaire, mais ce n’est pas le cas des agences de notations, du moins à l’origine. Qu’un créancier veuille savoir le degré de risque de son débiteur, et qu’il soit prêt à payer un intermédiaire pour avoir cette information n’a rien de choquant. Donc oui, à l’origine, les agences de notations répondent à une demande…

 

Il semble donc irresponsable de livrer de telles informations, comme il est irresponsable de la part de Wikileaks de dévoiler des secrets défense.

 

… cela n’a rien d’irresponsable. Il ne faut pas confondre les secrets-défenses et le degré de solvabilité des Etats. Tu compares des choses qui ne sont pas comparables.

 

Il est scandaleux de se dire que ces agences ont le pouvoir de faire faillire un Etat et derrière ça bouleverser la vie de millions de petites gens. Non mais rendez-vous compte ! Je ne comprends pas. A l'heure actuelle, ces agences sont irresponbles  et dangereuses ! 

 

Cela n’a rien de scandaleux. Peut-être est-ce la dépense des Etats qui est scandaleuse ? Peut-être est-ce le remboursement qui pèse sur des générations futures qui est scandaleux ? Selon moi, le vrai scandale est que l’Etat ait obligé les investisseurs institutionnels (fonds de pension, assurances…) à détenir une certaine proportion d’actifs notés AAA dans leur portefeuille. Il est là le problème, et c’est cela qui donne un pouvoir exorbitant aux agences. Car en baissant une note, elles obligent les investisseurs à se débarrasser des actifs en question puisqu’ils n’ont plus le droit d’en détenir, et c’est ce qui provoque la baisse des cours. On ajoute à cela les anticipations qui provoquent le phénomène qu’ils redoutent, les phénomènes de mimétisme, et on obtient la situation actuelle.

 

C'est bien beau le droit à l'information mais comme le dirait l'adage, je reste intimement convaincu que "toute vérité n'est pas bonne à dire" selon les contextes et les situations.

Alors oui, il faut réglementer ces agences ! Non pas les supprimer mais leurs fixer de sérieurse limites !

 

Personnellement je pense qu’il faut donner de sérieuses limites aux dépenses de l’Etat…On peut être keynésiens lorsque la dette est nulle ou quasi-nulle comme c’était le cas en 1936, c’est plus difficile de l’être quand la dette représente plus de 100% du PIB…

 

Nous verrons si nous dirons la même chose lorsque la note de la France sera abaissée, nous verrons. D'ailleurs j'en ai entendu parlé pas plus tard qu'aujourd'hui !

 

J’ai entendu le contraire… attention aux rumeurs qui accentuent la volatilité à court terme des marchés.

 

Voilà, j'ai fini de m'exprimer ! Ca fait du bien, merci :)

 

Merci à toi…

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